48.3 Tu Sucerais Qui ?
Tourne toi, mec... trop envie de voir ta queue... même si le fait de l'imaginer est très excitant... même si je crains qu'une fois que je l'aurai vue, une partie de la magie sera rompue... allez, mec, tourne toi... montre moi comment t'es monté... juste voir comment... le combien je m'en fiche pas mal... juste te connaître un peu plus...
Je l'ai souhaite de toutes mes forces...
Et tu finis par le faire... tu fermes le robinet d'eau chaude et tu te retournes pour attr la serviette, alors que tu aurais pu juste allonger le bras... tu dois être grave à l'aise avec ton corps, sûr de toi, pour te montrer ainsi... évidemment, tu as de quoi...
Oui, tu te retournes... image furtive de ce corps de petit dieu vivant, les cheveux bruns trempés, la peau de ton visage, de ton cou, de tes bras, de ton torse mouillée et luisante sous leffet de leau
et cette queue qui se montre enfin
cette queue plutôt prometteuse même après la douche...
A la fois délivrance, bonheur, excitation, fascination, frustration devant cette vision furtive mais si puissante
Pensée furtive... en plus, il est bien monté le petit con...
Image furtive de ton regard qui capte mon regard en train de mater ta queue... image précise de tes cheveux ruisselants, de ton corps mouillé, de tes bras qui stoppent net le mouvement que tu avais entrepris de façon mécanique, celui de porter la serviette à ta tête pour commencer à sécher le haut de ton corps
image de tes bras qui reviennent même un peu sur leur mouvement, comme pour te permettre de bien me dévisager, lair surpris de me trouver planté là, en train de te mater, avec cette touche de con
oui, tu as lair surpris, mais en même temps, tu ne fais rien pour cacher ta nudité
Grave envie de my jeter dessus, de la sentir grossir dans ma bouche
de te faire plaisir
de te faire jouir
jen ai mal au ventre tellement lenvie me déchire de lintérieur
Pourtant, honteux, je me tire, méloignant de ces douches dont je ne me servirai pas aujourdhui
je méloigne pour aller mhabiller, vite, le plus vite possible, et partir, au plus tôt
je méloigne en espérant que tu ne viennes pas me chercher des noises ou, pire, que tu ne me traites pas de pd devant tous les camarades.
Heureusement, tu ne feras ni l'un ni l'autre... ta seule punition à mon égard ce sera de te ramener devant ton casier, ta serviette nouée autour de ta nudité... d'exposer une fois de plus ton corps de dingue à mon regard aimanté... et te payer le luxe de m'envoyer un petit clin d'il diabolique, limite cruel, comme pour me faire comprendre que tu as tout capté... mon désir, ma préférence, ton pouvoir sur moi
Mais ça ne suffit pas
tu veux ma peau
tu machèves avec un petit sourire narquois, limite méprisant... le tout voulant peut-être dire dans ton intention : « Je sais que tu me kiffes, espèce de petit pd... tu peux baver tant que tu veux, mais ma queue tu ne l'auras jamais... ».
Oui, Impressive instant...
"Candy Perfume Girl"
Young velvet porcelain boy/Jeune garçon de porcelaine et de velours
Devour me when you're with me/Dévore-moi quand tu es avec moi
You're a candy perfume boy/Tu es un bonbon parfum garçon
A candy perfume boy/Un bonbon parfum garçon
Une des chansons de l'album Ray of light, elle aussi liée aux tout premiers jours du lycée...
Souvenir de la première fois où je me suis retrouvé dans les vestiaires du lycée avec mes nouveaux camarades... la première fois où je me retrouve dans les vestiaires avec toi... la première fois où je t'ai vu torse nu... souvenir très net de ton boxer DIM orange et blanc pendant que tu déconnes avec les autres, oubliant que tes à moitié à poil, la bosse du boxer bien saillante, bien en vue
ta main à plat caressant nonchalamment tes abdos, comme pour n souligner la perfection
si scandaleusement à laise avec la demi nudité de ton corps, habitué comme tu dois lêtre depuis longtemps à la promiscuité des vestiaires de rugby
souvenir très précis aussi de ta chaînette qui descend entre tes pecs, de ce petit grain de beauté sexy au creux de ton cou, de mon envie brûlante de te sauter dessus...
Candy perfume boy
Souvenir de nos regards qui se croisent à un moment.
« Beautiful Stranger »
Haven't we met/Ne s'est-on pas déja rencontrés
You're some kind of beautiful stranger/Tu es une sorte de bel inconnu
I looked into your eyes/J'ai regardé dans tes yeux
And my world came tumbling down/Et mon monde s'est effondré
To know you is to love you/Te connaître c'est t'aimer
Mai 1999, Beautiful Stranger... il tombe à pic, au même moment où, à la faveur dune une conversation captée par hasard, j'ai réalisé quelque chose que je n'avais pas réalisé avant
à savoir
tes origines italiennes, Mr Tommasi... dès lors, tu es mon bel « étranger »...
Le printemps avance, juin se ramène, la fin des cours approche, ma tristesse avec... je ne te verrai pas pendant deux mois... « Beautiful stranger », colonne sonore de mon été sans Jérém...
« Ray of light »
Un pur délice... l'autre bande son du premier regard échangé avec Jérém dans la cour du lycée le jour de la rentrée... une chanson que je retrouverai en bande son d'un autre moment marquant de ma vie, bien des années plus tard, en allant une fois de plus à la rencontre de Madonna, plusieurs tournées mondiales plus tard, dans une autre ville, sur un autre continent... en allant à la rencontre, en même temps, d'un « p'tit branleur sexy », torse nu et casquette à lenvers, niché dans un appart AirBnB avec vue sur les gratte-ciels
Le deuxième tableau souvre avec un décor japonais. Un arbre magnifique trône aux milieux de la scène.
« Paradise not for me »
Au fil d'une dérive involontaire au cours du concert, je finis par me retrouver tout près du bel animal « Jérém-dans-10-ans » et de son ti reubeu, toujours calé dans ses bras... mon bras finit pas se frotter (in)volontairement contre le sien... putain quest-ce que ce simple contact de peau me file des frissons...
Il faut dire que plus je le regarde, plus je trouve ce mec est indiciblement beau et sexy.
Un geste, il me semble, dans lequel il y a moins l'intention de se « montrer » que celle de vivre librement, naturellement, ce truc si beau quil y a entre eux... son geste na vraiment rien dune provocation
il nest ni démesuré, ni voyant, pourtant il est frappant, marquant
discret, touchant et puissant à la fois
en plus dêtre immensément beau
ce geste exprimant à lui tout seul lidée que lamour entre garçon est tout aussi légitime et beau que celui entre un garçon et une fille
quil na pas à se cacher ou à se montrer
juste à exister
Je me surprends à imaginer l'intimité de ces deux mecs
je ne parle même pas de sexe
plutôt les moments de tendresse
lorsque, en tête à tête, lamour se fait un peu plus démonstratif que cette simple accolade
oui, imaginer ces deux beaux mecs se serrer dans les bras, se regarder dans les yeux, se faire des bisous, des câlins doux et sensuels...
Je me demande qui ils sont, comment ils s'appellent, quels sont leurs rêves respectifs, leurs rêves communs
comment ils se sont connus... quand
où
par quel hasard de la vie
quand ils ont échangé le premier regard
quand et comment ils ont ressenti le premier désir pour lautre
quand et comment ils ont ressenti le premier désir de lautre
Les premiers mots quils ont échangés
ce qu'ils ont éprouvé la première fois que leurs désirs se sont rencontrés, reconnus... leur premier regard, lorsqu'ils se sont enfin enlacés
le premier baiser quils ont échangé
la première fois qu'ils se sont donné du plaisir, du bonheur.
Rien que de me poser ce genre de questions, ça me donne mille et mille frissons...
Questions sans réponses, questions qui en appellent d'autres... est-ce qu'un jour je pourrais vivre ça avec mon Jérém... me retrouver dans ses bras, ainsi, en public... ou même
juste me retrouver dans ses bras, en privé, mais pas forcement dans le noir, pas forcement après une soirée de dingue... juste parce qu'il se sent bien avec moi...
Peut-être pas, peut-être jamais... your Paradise, Jérém, is not for me...
"Frozen"
You only see what your eyes want to see/Tu vois seulement ce que tes yeux veulent bien voir
How can life be what you want it to be/Comment la vie peut-elle être ce que tu désires ?
Love is bird, she needs to fly/L'amour est un oiseau, il a besoin de voler
Let all the hurt inside of you die/Laisse mourrir tout ce mal qui est en toi
Madonna sur scène en kimono noir les bras ouverts prolongés par de manches interminables
sublime moment, intense... sa voix me pénètre jusquau plus profond de moi
la chanson est d'une beauté saisissante...
Toute ma dernière éprouvante année de collège est dans cette chanson... souvenirs lointains, pas agréables à retrouver... souvenirs dune époque où je ne connaissais pas encore lexistence de Jérémie T.
Nobodys perfect, Mer Girl, Sky Fits Heaven
les chansons senchaînent jusquau troisième tableau...
Place à un style country très énergétique... là encore on en prend plein les yeux
"What It Feels Like For A Girl"
La bande son de l'un des moments les plus importants de ma vie... si ce n'est le plus important... celui par qui tout a commencé
Il était une fois, un lycéen nommé Nico, raide dingue dun putain de bogoss qui ne le calculait même pas
Printemps 2001, les sites annoncent une tournée après 8 ans dabsence
le single « What I feel it for a girl » est lancé dans la foulée et passe en boucle dans mon lecteur pendant ces derniers mois avant le bac...
Un matin ensoleillé du mois de mai, le putain de bogoss ramasse l'énième bâche en maths... et le lycéen nommé Nico lui propose de laider à réviser...
Souvenir très très net de cette fin d'après midi d'il y a tout juste deux mois...
Je marche dans les allées, tout droit vers la rue de la Colombette... à la fois excité et me maudissant pour m'être embarqué dans quelque chose qui ne m'apporterait rien, à part un bon malaise à me retrouver seul avec lui, seul avec mon désir fou, frustré, piétiné...
Je traverse le Grand Rond et à chaque pas une question cogne de plus en plus fort dans ma tête
quest-ce que je fais là ? Soudaine envie de faire demi tour
Qu'est ce que je voudrais être un garçon qui s'intéresse aux filles
ma vie serait tellement, mais tellement plus simple... pourquoi ça m'arrive à moi... aimer le corps, le visage, la voix, l'odeur, le sourire, la façon d'être des garçons, et surtout celle de ce garçon en particulier, ce garçon avec qui je n'ai aucune chance, tout simplement parce je suis un garçon aussi... et que ce garçon naime que les filles
Jai le cur qui bat la chamade et les mains moites
je sais déjà que ça va être insupportablement dur de me retrouver seul avec lui... délicieusement insupportable... je repense à ce t-shirt blanc qu'il portait le matin même... comme un gant sur son torse de malade... envie de me mettre à genoux devant lui... chose que je ne pourrais jamais jamais jamais faire...
Je viens de traverser le Grand Rond, je mapprête à en sortir direction le boulevard Carnot
deux mots saffichent dans ma tête, inéluctables :
« DEMI-TOUR ».
Je mapprête à revenir sur mes pas, cédant à la peur, prisonnier de mes craintes, fuyant la vie
lorsque je lentends
sa voix enveloppante, le rythme dansant de cette chanson
sortant des enceintes musclées de lune des voitures arrêtées à un feu rouge, « What I feel it for a girl » résonne à toute puissance dans la rue... le rythme chatouille mes jambes... j'ai envie de danser... jai envie daller de lavant
de profiter de la vie
de prendre le risque
et tant pis si je vais me sentir comme un con pendant les deux heures qui vont suivre
je passerai quand même un moment dans la tanière du bogoss
et ce soir chez moi je me branlerai comme un malade
Autre chose saffiche désormais dans ma tête :
« AVANCE, NICO ».
Le temps de traverser le passage piéton et que la voiture disparaisse en suivant l'arrondi du Boulingrin, les beats de la chanson me portent encore pendant quelques secondes... je continue mon premier voyage vers la rue de la Colombette, vers la première révision de math, vers la première révision de ma vie sentimentale, vers ma vie d'adulte...
"I Deserve It"
This guy was meant for me/Cet homme était fait pour moi
And I was meant for him/Et j'étais fait pour lui
This guy was dreamt for me/C'était l'homme rêvé pour moi
And I was dreamt for him/Et moi je l'étais pour lui
"Don't Tell Me"
Il fait encore très chaud en ce mois de septembre 2000... la rentrée
le voilà le Jérém
qu'est ce qu'il m'a manqué tout au long de lété... et là je le retrouve plus beau encore que deux mois plus tôt, plus sexy que jamais, sexy à se damner... le torse moulé dans un débardeur blanc à larges bretelles, histoire de mettre bien en valeur son bronzage de ouf, ainsi que sa masse musculaire qui a encore gagné du volume pendant lété à la faveur de la muscu et du rugby...
Un débardeur qui laisse tout le loisir de bien exhiber un putain de brassard au motif tribal tatoué juste en dessous de son biceps gauche
Il a du faire ça pendant l'été, peut-être en vacances, peut-être avec ses potes...
Son brushing aussi a un peu changé
ses cheveux sont un peu plus longs sur le haut, fixés un peu plus en bataille
Pour finir, son parfum de mec est étourdissant lorsqu'on échange un « salut », vite fait, en se croisant...
Affolant cet acharnement à vouloir faire craquer les regards par tous les moyens
mais où va-t-il s'arrêter ?
Je l'entends parler des vacances à la Grande Motte avec les autres camarades... cest là quil sest fait tatouer ? Frustration déchirante de ne pas faire partie de sa vie, de ses potes, de ses vacances...
J'ai envie de pleurer tellement il m'attire, tellement j'ai envie de lui, tellement cette beauté masculine m'est si proche et si inatteignable à la fois...
Je suis obligé de m'enfermer dans les chiottes du lycée pour me branler, pour me calmer, pour éviter de devenir fou dès le premier jour de la rentrée... ce mec va me rendre dingue, je le sais... si je tiens jusquau bac, je vais y arriver à point pour l'internement...
Jérém de plus en plus populaire au lycée... ses exploits au rugby, nombreux et suivis, suscitent l'admiration
tout comme ses exploits, nombreux et fugaces, avec la gens féminine... la rumeur dit quil aurait couché avec la moitié des filles du lycée, et quil serait un sacré bon coup...
« Don't tell me », bande son de ce trimestre encore plus dur que les précédents... voir Jérém torse nu dans les vestiaires au cours de sport est une véritable , et encore plus depuis que sa peau dégage ce parfum intense de deo de mec... depuis quil arbore ce tatouage qui rajoute du bandant au sexy
Plus les temps passe, plus Jérém se fait « mec »... sa côte au lycée ne cesse de grandir
le bobrun prend de l'assurance, il se la pète un peu, il le sait qu'il est beau gosse, qu'il plait, qu'il a un succès fou... alors il cultive tout ça, il soigne son brushing, il soccupe sa jeune barbe, il rase les poils naissants du torse
il se sape de plus en plus sexy, et il est de plus en plus craquant à mes yeux... j'ai envie de lui, grave envie de lui...
C'est tellement dur à vivre au quotidien que je voudrais que ça cesse... je voudrais ne plus être si furieusement attiré par lui...
Mais je n'y peux rien...
Tell the rain not to drop/Dis à la pluie de ne pas tomber
Tell the wind not to blow/Dis au vent de ne pas souffler
Tell the sun not to shine/Dis au soleil de ne pas briller
But please don't tell me to stop/Mais s'il te plaît ne me demande pas de m'arrêter
"Human Nature"
Ne me demandez pas d'arrêter davoir envie de lui... parce que cest la nature humaine
Express yourself, don't repress yourself/Exprime toi, ne te réprime pas
And I'm not sorry [I'm not sorry]/Et je ne suis pas désolé[je ne suis pas désolé]
It's human nature [it's human nature]/C'est la nature humaine[c'est la nature humaine]
[I don't have to justify anything]/[ Je n'ai rien à justifier]
[I'm just like you]/[ J'aime juste ça]
[Why should I be ? ]/[ Pourquoi dois-je être ?][Deal with it]/[Jugé après ça]
"Secret"
Things haven't been the same/Les Choses ne sont plus les même
Since you came into my life/Depuis que tu es arrive dans ma vie
You found a way to touch my soul/Tu as trouvé un chemin pour toucher mon âme
And I'm never, ever, ever gonna let it go/Et jamais, jamais, jamais je ne laisserai ça partir
Quoi ajouter ?
Quatrième tableau sur un thème latino... le délicieux « Don't Cry For Me Argentina », suivi par lentraînant « Lo Que Lo Siente La Mujer », suivi à son tour par « La Isla Bonita », grand classique madonnesque... lune des seule chansons à laffiche permettant dattester qu'il y avait déjà une Madonna avant les années '90...
Cinquième tableau, au style plus urbain, très novateur
tous debout à hurler et à chanter, y compris les gradins
Dabord, le monumental « Holiday »
le début de laventure Madonna
ce nest plus simplement une chanson
cest un hymne
et on enchaîne, pour le grand final avec
Hey Mr. D.J/Put a record on/I wanna dance with my baby
Le sublimissime « MUSIC » repris au synthétiseur
dès les premières notes le public et moi-même nous sommes en transe
un moment de douce mais puissante folie !!!
Nouveaux souvenirs
l'été 2000 s'annonce morose... encore deux mois sans Jérém
à la radio ils nous saoulent avec Alizée... « Moi ta »
pitié
basta
Puis, par une très chaude journée du mois daoût, enfin une chanson fait leffet dune bombe sur les ondes radio
Hey Mr. D.J/Put a record on/I wanna dance with my baby
Lété de mes 17 ans se résumera à MUSIC... deuxième bombe absolue après Ray of light
.
Solitude et ennui, envie de revoir Jérém... compter les jours avant la rentrée, encore et encore
me demander si je serai toujours ainsi, pd... ce que sera ma vie demain, si un jour je rencontrerai quelqu'un de bien pour moi, comment vais-je annoncer ça à ma famille, inquiétude, peur panique de la solitude.
Music makes the people come together/La musique rapproche les gens
Souvenir dun soir d'hiver quelques mois plus tard, lors d'une fête danniversaire chez un camarade... « Music » qui résonne dans la chaîne hi-fi... et Jérém, une énième bière à la main, la cigarette dans lautre, qui vient me parler, l'une des rares fois en trois ans
« Tu t'amuses ? » me lance-t-il.
« Oui, ça va... » je réponds, intimidé par sa proximité et mal à l'aise avec son alcoolémie avancée
Il est torché grave
je le vois à sa façon de se tenir, titubante
je le sens à son haleine alcoolisée (odeur qui ne mest pas désagréable en soi
tout comme lodeur de la cigarette, faisant émerger en moi une très fort envie de goûter ces saveurs directement aux lèvres de celui qui les dégage
)
Jérém est à 3 grammes au moins
je le sens à son souffle haletant, au son de sa voix, une voix tremblante, comme raillée, laissant deviner une conscience altérée où certaines barrières et certaines inhibitions de langage sont prêtes à sauter
jai un peu peur de ce quil pourrait me sortir
« Tu mates qui ce soir ? » me balance-t-il à brûle pourpoint.
« Comment ça ? » je fais l'innocent, alors je me suis fait chier pendant toute la soirée et que mon activité principale a été de mater les deux bogoss de la soirée, à savoir, Jérém lui même, et son pote Julien.
« Je t'ai vu... tu mates Julien... » assène-t-il plutôt sèchement.
Putain, il a vu ça... c'est que je ne suis pas assez discret, et que ça se voit...
« Arrête de raconter n'importe quoi, t'as trop bu... » je tente de me défendre, alors que jai envie de lui dire que des deux, cest lui que jai maté le plus, et de loin...
« Tu le kif ? » il insiste, l'alcool pas vraiment méchant mais quand même bien rélou « t'as vu comme il est gaulé ce mec ? Il est plus musclé que moi... regarde ses bras... ses épaules... ses pecs... il est mignon, n'est-ce pas... je veux dire... toi tu dois le trouver mignon... enfin
je sais que les filles le trouvent mignon
».
Son délire me met super mal à laise. Pourtant, il y a quelque chose de profondément touchant dans le fait de déceler une petite faiblesse, une jalousie, un petit complexe chez un mec dhabitude si sûr de lui
ce sont des petits miracles qui se produisent parfois lors de soirées bien alcoolisées
bien souvent, une petite faiblesse, ou une ambivalence cachée, viennent rendre un charme comme le sien un peu plus humain
Et lorsquon a la chance dassister à cela
un ti con qui doute, sexytude et fragilité qui se mélangent... c'est la nitro et la glycérine qui se rencontrent
à un moment, ça fait boom... ça fait grave boom... dans ma tête, dans ma poitrine... boooooom !
Je ne sais plus où jhabite... envie de le câliner, de lui donner du plaisir, encore le câliner, et lui donner du plaisir
je ne saurais même pas par où commencer
Envie de le rassurer
oui, Julien est peut-être un brin plus musclé que toi
mais toi
toi tas un physique de dingue, aux proportions parfaites, une gueule denfer et un charme de fou, ce regard brun et sexy que lui il na pas
bien sur il est attirant
mais toi
toi tes juste aveuglant
tes bien plus charmant et charismatique que lui
la preuve en est que cest toi le mec le plus populaire du lycée
Julien nest quun moyen doccuper mon regard lors dune soirée morose
mais toi, Jérém, tu es la plus belle « chose » que je nai jamais vue
the most beautiful boy in the world
Je voudrais savoir te dire, tout simplement : Tu es juste le mec le plus canon que je connaisse
Ce sont les mots qui me viendront, comme une évidente, un peu plus tard dans la soirée
chez moi ! Question timing, je nai jamais été bon
« Entre moi et Juju
» je lentends bafouiller pendant que je cherche les mots qui ne viendront que trop tard « si tu étais une meuf
je veux dire
».
Il fait une pause, il respire, ses pensées tentent de se dégager du brouillard épais dans sa tête, démerger au travers des vapeurs alcoolisées qui embrouillent et à la fois libèrent son esprit
« Mais je suis un mec
» je me défends, sans bien savoir ou il veut en venir, mais craignant un peu la suite.
« Mais si tétais une meuf
» il insiste, avant denchaîner avec le débit de parole lent dun mec qui décuve debout « entre lui et
moi
».
Je ne sais pas où il veut en venir
ou plutôt je ne veux pas savoir où il veut en venir
je suis grave mal à laise, alors je tente de lignorer en espérant quil arrête ses conneries.
Jévite de le regarder, mais je sens sa présence à travers lodeur de la fumée quil expire
je sens son regard sur moi
perçant
désinhibé
Manuvre inutile, le bogoss alcoolisé ne lâche pas laffaire.
« Je te cause
» il revient à la charge, tout en claquant la paume de sa main sur mon épaule.
« Quoi ? » je réagis, feignant dêtre agacé, alors que ce petit contact avec sa main, même si filtré par mon pull, me fait un effet de fou.
« Entre moi et Juju
tu sucerais qui ? » finit-il par lâcher, comme une gifle.
Ses mots claquent dans ma tête comme un coup de fusil
je nose pas le regarder
je réalise tout juste ce que je viens dentendre
jai chaud
jai envie de partir loin, très loin
dans ma tête, la réponse est claire, pourtant inavouable
« Tas déjà vu une queue ? » me balance-t-il sans transition
Les dernières notes de « Music » résonnent dans la chaine hi-fi
heureusement, lair de « Joyeux anniversaire » retentit dans le grand salon
un gâteau apparaît et jen profite pour me tirer de cette situation troublante.
Ce petit échange avec le beau brun ma bien secoué, jen tremble
jai les jambes en coton, jétouffe
jai la tête qui tourne
Je ne tarde pas à rentrer
Dans mon lit, je me branle en regrettant de ne pas avoir trouvé sur le moment le bon mot pour flatter son ego de mâle, en livrant tout simplement mon ressenti
je me branle pour faire taire la frustration que je ressens face à mon incapacité à saisir sa provoc et à lui dire clairement que bien évidemment, cest lui que je voudrais sucer
qui sait
peut-être que Jérém est le genre de mec quaprès trois bières nest plus si hétéro pur et dur que ça
Lorsque je jouis, une grande partie de mon trouble disparaît
dans mon esprit, ces mots de Jérém qui mont tant secoué sur le moment, atterrissent à part égales sur le compte de lalcool et sur celui dune moquerie de mauvais goût
je me dis quil avait bu et quil a voulu se foutre de ma gueule
me mettre mal à laise
se payer ma tête
quel ptit con
mais quel ptit con sexy
Les dernières notes de « Music » résonnent dans lEarls Court... une heure et quarante minutes se sont écoulées à la vitesse de léclair... et c'est déjà fini...
La musique cesse, les lumières de la salle se rallument... derrière moi un type narrête pas de crier son nom à tue tête, comme s'il était persuadé que ça la ferait revenir... mais elle ne reviendra pas, pas ce soir du moins...
Une rivière tranquille sort d'Earls Court et nous nous retrouvons dans la nuit tiède. Je regarde la foule se disperser dans les rues de Londres, chaque spectateur revenant vers sa vie
je me retrouve à penser que, tout comme moi, chacun dentre eux a pu assister à un double concert
celui à laffiche, bien sûr
mais également à son propre concert, en connexion directe avec ses souvenirs, sa vie, son destin... un délicieux voyage dans l'espace et dans le temps sur les ailes magiques de ses chansons... Je quitte les lieux en remportant avec moi le souvenir dune soirée exceptionnelle
Merci Madonna dêtre là, et de tisser avec tes chansons, le fil conducteur de ma vie
Oui, une soirée exceptionnelle pour moi, cette première rencontre avec Madonna
une soirée qui, je lignore à cet instant précis, nest pas exceptionnelle que pour moi
à mille km de là, dans une ville rose, deux potes se retrouvent rue de la Colombette pour essayer de soigner les blessures de lun et les inquiétudes de lautre
une soirée entre potes comme tant dautres
une soirée qui marquera pourtant le début dune série dévènements qui finiront par sérieusement ébranler une amitié de 10 ans
Avant de rentrer à l'hôtel, il nous faut boire un coup afin de nous remettre de tant démotions
comme à mon habitude je commanderai un mojito, mon cocktail fétiche
sensuivra un débrief avec Elodie de toutes ces émotions de dingue ressenties 2 heures durant
Vendredi 15 juillet 2001
Réveil six heures... réveil avec ce sentiment dincrédulité vis-à-vis de ce souvenir encore si vif et qui ne me quitte pas
enfin Madonna était là au milieu de la salle, là en train de chanter, de chanter un peu pour moi aussi...
Réveil enchanté, mais réveil à six heures quand même... dur dur quand on n'a pas dormi plus de deux heures... alors... full breakfast avec ventrèche, saucisse grillée et uf sur le plat... too much...
Nous voilà dans le métro... ensuite le Poudlard Express, revoilà Stansted... nouvelle attente dans le hall d'un grand aéroport... nouvelle probable exposition à un concentré de bogossitude... ou pas
Mon capteur de bogoss balayant sans succès l'horizon devant moi, je suis sur le point de me résoudre à reprendre le roman laissé en plan trois jours plus tôt...
Et là, soudainement le temps s'arrête... les écouteurs sur les oreilles, un ange arrive et se pose à ma gauche, trois sièges plus loin... un ange tombé du ciel, ou un petit dieu vivant, ou un être surnaturel, je ne sais pas comment le définir... pourtant je lui ai donne un nom, car il lui ressemblait tellement... Thibault
Le dieu vivant doit avoir lui aussi 20 ou 21 ans maxi... même gabarit, taille moyenne, épaules carrées, même regard doux, rassurant, charmant, touchant
habillé dun t-shirt marron moulant des pecs dessines et les tétons qui pointent légèrement...
Le même, en couleur
à un détail près... ce « Thibault » a les yeux bleus, un bleu profond, magnétique...
Le petit dieu semble balayer lespace au delà de la baie vitrée donnant sur les pistes
son regard est doux, voire un peu triste
par moments, son visage devient lumineux
mais même triste, il est beau. Beau à en pleurer. A quoi pense-il, à qui pense-il ?
Je ne peux lever les yeux de lui
je veux comme "m'emplir" de son visage, de sa beauté...
Lorsquil se lève, il repasse devant moi... moffrant la possibilité de mater son jeans moulant, son cul fabuleux... l'espace d'un instant, j'ai envie le suivre, juste voir où il va... mais un instant plus tard le petit dieu a disparu de mon regard, et le temps est reparti...
Sur Londres, le ciel est (à nouveau) gris...
« Je ne crois pas que Thibault soit jaloux de toi... en tout cas pas du fait que tu couches avec Jérémie... » fait Elodie de but en blanc alors que l'avion traverse les nuages ; puis elle continue « je crois qu'il est plutôt « jaloux » du fait qu'en partageant la couette de son pote, tu as accès à une complicité à laquelle lui il n'aura jamais accès... il doit bien s'imaginer que, tôt ou tard, sur l'oreiller, Jérém te racontera des choses dont il n' a jamais parlé avec lui et dont il ne parlera jamais... quil te montre ou te montrera, des fêlures qu'il n'ose pas lui monter
».
« On ne peut pas dire quil se soit beaucoup livré
» je proteste.
« Pas avec les mots
bien sur
un petit macho de 19 ans comme ton bobrun ne se livre pas avec les mots
il est davantage crypté quun hiéroglyphe
».
« Tu veux dire quil sexprime
par cartouche interposée
? ».
« Rhoooo
mon cousin
ta cousine est choquée
».
« Je pense
»
« Je suis sûre quentre deux galipettes tu dois percevoir des choses
quand un mec se met à poil devant toi
il ny a pas que son corps quil découvre
tôt ou tard tu en sauras plus sur ton bobrun
il faut juste que tu saches observer, lire entre les lignes, entre ses orgasmes
dans ses cartouches si tu préfères
Jérém finira pas se livrer
que ce soit consciemment ou pas
peut-être malgré lui, juste parce que tu lauras mis en condition de la faire
».
« C'est bien possible, ça... » je laisse échapper, soudainement éclairé sur un aspect de la sensibilité de Thibault auquel je n'avais pas encore pensé.
« Il croyait tout savoir sur son pote... » elle continue « et là il découvre qu'il existe toute une partie de sa vie qu'il ignorait, malgré la proximité de toutes ces années... je pense que cest la perte de complicité qui doit peser dans la tête de Thibault
timagine ? Toute une vie de partage et puis un jour il réalise que son pote nest pas prêt a lui faire confiance... et même... dune certaine façon, pire que ça... ».
« Comment ça
pire que ça ? » je l'interpelle.
« Le fait de penser que Jérém puisse douter de son amitié... même s'il essaie de faire face pour ne pas mettre son pote mal à l'aise, Thibault peut penser que Jérémie ne le connaît finalement pas tant que ça sil croit quil le laisserait tomber sil lui annonçait quil est gay
en même temps, il ne faut pas oublier que leur amitié baigne dans lambiance hétéro des vestiaires et des soirées entre potes
peut être quun petit câlin entre deux portes ça passe
mais un rugbyman qui aime les mecs
ce nest pas quelque chose de naturel
ce nest pas le sujet le plus facile à aborder
».
« Jérém a peur sans doute de « décevoir » Thibault... » je commente.
« Alors que Thibault est un véritable ami qui ne le jugera pas... » enchaîne la cousine « un ami qui doit se dire aussi que c'est toi, Nico, qui est désormais à ses cotés pour lui faire du bien... et que plus tu lui feras du bien, moins il ira en chercher auprès de lui... surtout que le « bien » que tu lui fais... lui il ne pourra jamais lui faire... ».
« Tu crois pas que ça l'intrigue d'imaginer ce qu'on fait entre mecs ? » je lance.
« Dans la tête de Thibault il y a sans doute également une part de curiosité... comme chez bon nombre dhétéros... de plus, il doit se dire que si son pote, lui qui a couché avec tant de nanas, couche régulièrement avec un garçon et qu'il en a carrément oublié les meufs, c'est que ça doit être particulièrement bon... ».
« Ca doit lui donner des idées... » j'insiste.
« Thibault est un garçon de bon sens
et, même s'il peut se sentir tenté à un moment par un câlin sous la couette pour retrouver une parfaite osmose avec son ami d'enfance, celui qu'on ne remplace pas, il sait qu'entre l'amitié qu'il a avec Jérémie et une relation plus sensuelle, un choix s'impose... ».
« Jespère
» je relance.
« Soyons réalistes... coucher avec son pote... même si ça pouvait se faire... et après ? Comment devenir sex friends sans que l'amitié en pâtisse ? J'ai du mal à imaginer que leur relation survivrait à quelque chose de ce genre
s'il devait y avoir ce genre de plan entre eux, il y a de fortes chances que ça mette un terme à leur amitié fusionnelle... de manière « définitive », avec une véritable rupture ou de manière plus «insidieuse», en transformant leur amitié en une relation qui n'est plus l'amitié d'avant
»
« Ca briserait quelque chose entre eux... » je commente, tout en me demandant si on peut être sex friends mais amis au sens fort du terme en même temps
« Oui
je pense
et puis... » continue Elodie « à quoi bon partager une dimension encore plus intime de leur relation, si ce n'est que pour rendre encore plus compliqué leur séparation, si vraiment Jérémie part travailler ailleurs ? ».
« Me parle pas de ça... ça me fout le cafard... » je me lamente.
« Désolé Nico... » tente-t-elle de me consoler, tout en posant sa main sur la mienne et en la serrant très fort.
L'idée que Jérém puisse partir loin, vraiment... ça me met fout le moral à zéro.
Je pense aussi à ce que ce gentil Thibault doit éprouver et quil est sans doute très malheureux lui aussi
« Et puis... » elle poursuit « n'oublie pas que Thibault est un garçon avec les pieds sur terre, qu'il est déjà entré dans la vie active, qu'il est très mûr pour son âge et qu'il pourrait bien être aussi taraudé par l'envie de fonder une famille, tout comme mon ex Julien... ».
« Je crois que Thibault m'aime bien... » je divague.
« Quelque chose me dit qu'il a envie de connaître un peu plus ce Nico qui fait désormais partie de la vie de son meilleur ami... je pense que Thibault n'a pas seulement compris que vous faites des galipettes... je pense qu'il a compris aussi, peut-être mieux et avant son pote lui-même, quentre vous deux il y a vraiment quelque chose de fort... je pense que Thibault a avant tout à cur le bonheur de Jérémie... mais il a aussi envie de garder son pote auprès de lui... du coup, consciemment ou pas, il compte peut-être sur votre rapprochement pour que Jérémie reste dans la région
».
« Comme si j'avais le pouvoir d'influencer les choix de mon beau brun... » je réagis.
« Je suis sûre que tu sous-estimes ton rôle dans cette histoire... tu as une très jolie partition à jouer... tenter de rendre heureux Jérém, et ceci malgré lui... et faire en sorte de préserver l'amitié entre les deux potes... si tu la joues fine, tu arrivera à atteindre le cur du beau brun tout en trouvant un grand pote en Thibault... si tu t'entends bien avec Thibault, tu marquera des points auprès de Jérémie... d'autre part, Thibault peut t'apporter beaucoup pour mieux connaître Jérémie... et toi tu peux faire beaucoup pour Thibault aussi... ».
« Comme quoi ? » je m'étonne.
« Comme... le rassurer
je suis sûre qu'il doit être inquiet de cette distance qui est en train de se créer entre lui et Jérém... il a peur de le perdre... il est possible dailleurs que des deux, ce soit en fait Thibault qui ait plus besoin de Jérém que linverse
».
« Côtoyer Thibault, c'est un bonheur indescriptible... » je réfléchis à haute voix « il a tellement l'air d'être toujours à laise avec la vie... ce mec m'impressionne... pourtant, je suis vraiment bien en sa compagnie... c'est un gars simple, humble... un gars extra
il sait me mettre à l'aise, comme rarement je me suis senti dans ma vie
avec lui tout a l'air facile, cool...
J'adore discuter avec lui... il est sensible, réfléchi, juste, attentionné... dans son regard il y a le respect, l'écoute, la bienveillance... et ça, ça en fait vraiment quelqu'un d'adorable... ».
Oui, discuter avec Thibault me fait un bien fou... c'est comme se poser devant un feu de cheminée lorsqu'il fait froid... ça chauffe la peau... mais ça chauffe aussi à l'intérieur... ça apporte une sensation diffuse, indéfinissable, mais puissante de bien être...
« C'est reposant un mec comme lui... » je finis par lâcher « tout le contraire de Jérém... ».
« T'es sur, mon cousin, que tu n'es pas un peu amoureux de Thibault
aussi ? ».
Et voilà qu'Elodie sillustre une fois de plus dans son rôle le plus réussi, celui qui la rendue célèbre, connu sous le titre de : « La fille qui met les deux pieds dans le plat ».
Blagues à part, sa boutade verbalise et matérialise quelque chose qui se baladait dans mon esprit depuis un certain temps mais qui restait (volontairement) coincé entre conscient et subconscient... mais là, Elodie a sorti le grand miroir et my a une fois de plus obligé à my confronter...
Thibault. Fascination.
Niveau feeling, ce mec c'est juste le top... d'humeur toujours égale, souriant... un petit homme en puissance, rassurant, charmant, touchant
Thibault. Tentation.
Coté physique, ce mec me plait tout autant que Jérém... sa proximité me fait un effet de fou... rien que le contact joue contre joue ou la chaleur de ses mains sur les miennes me rendent dingue... il m'est déjà arrivé de me branler en pensant à lui...
Thibault. Hésitation.
Est-ce qu'au final, je suis amoureux aussi de Thibault ? Est-ce que cest seulement « moins » que de Jérém ? Ou « seulement différemment » ? Est-ce que le fait que je ne sois pas encore fou de Thibault ne tient qu'au fait que je n'ai pas couché avec lui et que le lien des sens n'a pas fait sauter des barrières qui gardent notre relation à l'état d'amitié ? Serais je capable de me laisser aller avec Thibault ? En sachant que c'est le meilleur pote de Jérém?
Thibault. Révélation (ou pas).
Mais ça va pas, Nico ? Tu dérailles grave, là... c'est Jérém qui fait battre ton cur à la chamade à chaque fois qu'il rentre dans ton champ de vision... et même lorsqu'il n'y est pas... rien qu'imaginer coucher avec son meilleur pote... tu ne pourrais pas trouver mieux pour le perdre, espèce d'andouille...
Thibault. Contre-revelation.
Pourtant... je sens qu'avec Thibault ce serait magique... avec un mec comme lui, ce serait forcement magique...
« Tu as raison, Elodie... » je finis par lâcher, sur le ton d'une boutade libératoire « je devrais vraiment être amoureux de Thibault... ».
« Est-ce que ce serait pour autant plus simple ? » fait-elle.
« Pourquoi ça ne le serait pas ? » je demande.
« Est-ce que Thibault est vraiment attiré par les garçons, comme lest finalement Jérémie, au plus profond de lui-même ? »,
« Je pense qu'il l'aime très fort son Jéjé... » je lance.
« Le regard de Thibault sur Jérém est peut être d'une certaine façon « amoureux », tout comme celui de Jérém sur lui... mais Thibault n'aime pas forcement les mecs... dans un monde parfait, où une petite galipette ne gâcherait pas une longue amitié, il franchirait peut-être le pas... mais, à mon sens, juste avec lui... ».
« Tu penses vraiment que Jérém est gay ? » je l'interroge.
« Moi je pense que ton beau brun est plus gay que tu le penses et qu'il le pense lui même... mais je pense surtout au fait que Thibault est comme un frère à ses yeux, avec qui rien de plus qu'une amitié n'est possible... ».
« Bien sûr... » je laisse échapper.
« Et aussi parce que... » elle redémarre en pilant net juste après.
« Aussi parce que ? » je lui fais écho.
« Aussi parce que son coeur est déjà pris... même s'il ne veut pas l'assumer... ».
J'en ai les larmes aux yeux. Je regarde ma cousine. Ses mots me font chaud au cur. Et j'ai tout autant lenvie que le besoin de les croire.
« Tu comptes pour Jérémie, c'est certain, et il l'a prouvé malgré lui... » elle enchaîne « déjà, il ne supporte pas que quelqu'un d'autre s'approche de toi... t'as bien vu... ».
« Thibault aussi m'a dit ça... ».
« Tu vois ? ».
« Ce nest peut être vraiment que de la jalousie mal placée... » j'insiste.
« Certainement
mais pas que
j'ai quand même le sentiment que malgré ses crasses, malgré son coté macho, son comportement de tête à claques
tu comptes vraiment pour lui... n'oublie jamais que tu es celui qui la aidé à se découvrir... tu l'as obligé à affronter des envies et des sentiments longtemps refoulés... »
« Jai fait ça, moi ? » je tente de rigoler pour échapper à lémotion.
« Mieux que ça... » elle continue « tu lui as permis de le faire tout en douceur... sil ne tavait pas croisé, un jour il aurait été tenté par des plans qui ne lui auraient rien apporté à part un soulagement vite fait
ça laurait peut être juste effrayé, frustré... au contraire, tu lui as montré qu'être avec un garçon peut être beau, tendre, doux, en plus qu'extrêmement plaisant au pieu... que ce n'est pas sale, ou dégradant...
« Jaimerais bien quil ait compris ça, oui
» je fais.
« Je suis sûre que le bobrun a senti la présence rassurante de ton amour, même s'il ne l'a pas toujours accepté... tu as été un pilier, un soutien, une source de tendresse, quelqu'un avec qui il a pu partager une intimité et une sensualité qui devaient quand même pas mal le tracasser depuis un certain temps... d'autant plus que, contrairement à ses autres soucis, celui-là il ne pouvait même pas le confier à son pote Thibault... ».
« Ouais... j'ai foutu un sacré bordel dans sa tête... parfois je me dis que j'aurais mieux fait de ne pas lui proposer de l'aider à réviser... il aurait continué à coucher avec des nanas, et aujourd'hui il ne se poserait pas autant de questions... et finalement il serait plus heureux... ».
« Nimporte what
» jentends ma cousine se moquer.
« Quand j'y pense... » je continue pourtant « ma proposition de réviser... au fond ça a été égoïste de ma part... au fond j'espérais qu'il se passerait quelque chose, même si je pensais que ça n'arriverait pas... peut-être que ce jour là jai fait une grosse connerie... ».
« Mon petit Nico... » enchaîne Elodie sur un ton faussement désespéré « parfois je me demande comment on peut avoir des gènes en commun... tu as été amoureux de Jérém depuis la première milliseconde où il est rentré dans ton champ de vision... je me trompe ? ».
« Cest ça
oui... cest ça
» je réponds sans hésiter en repensant une fois de plus à la première image de Jérém-t-shirt-noir-regard-de-bo-brun-sexy au milieu de la cour du lycée, image brûlant ma rétine
et me prenant aux tripes
« C'est normal alors que tu aies tenté de te rapprocher de lui... » elle continue « je dirais que c'est même méga courageux... en plus ça a été très subtil de ta part
tu ne pouvais pas vraiment attaquer direct
je me suis toujours dit que pour vous les homo, ça doit être sacrement dur de tomber amoureux au lycée... nous autres, on risque juste de prendre des râteaux... vous autres, vous risquez aussi de vous faire démonter la tronche... ».
« Et de se taper la honte à vie, ce qui est carrément pire... » je précise.
« Ouais, ça c'est vrai aussi... quoi qu'il en soit... je trouve que tu as été sympa de lui proposer de l'aider... déjà parce qu'il en avait besoin... et même si tu avais une petite idée derrière la tête, même si ta proposition n'était pas complètement désintéressée... ».
« Pas du tout, même... » je confirme, amusé.
« Coquin, va... quoi qu'il en soit, le beau brun a accepté en pleine connaissance de cause... il savait ou il s'embarquait... ».
« Il avait bien compris que j'étais fou de lui... il me l'a même dit l'autre soir... » jenchaîne en repensant une fois de plus à ce souvenir dun Jérém torché, me demandant qui je préférerais sucer
« Si Jérémie t'a laissé rentrer dans son intimité et qu'il t'y a gardé bien plus longtemps que n'importe quelle nana, c'est parce qu'il a besoin de toi
il a besoin de toi en tant que point de repère dans sa "nouvelle vie"... celle que tu lui as fait découvrir... quelque part, tu as pris un peu le relais de Thibault.... ».
« Hein ? » je métonne
« Jusquà que tu débarques, Thibault était son seul et unique point de repère, lui fournissant l'équilibre dont il avait besoin dans sa vie... « d'hétéro »... mais toi, Nico, tu es celui qui l'a à regarder en face son attirance pour les garçons... bien sur tu as d'abord foutu le bordel dans sa tête... un bordel qui va durer un moment je pense... mais un bordel bénéfique... tu es peut-être en train de lempêcher de passer à coté de sa véritable vie... tu lui évites peut-être de se réveiller un matin dans 5, 10, 20 ans, avec une femme, des gosses, une maison impeccable, une pelouse bien taillée, un labrador obèse, prisonnier d'une vie d'hétéro qui l'étouffe, avec une seule envie... celle d'aller se taper le premier mec dans un sauna... ».
Je me tais, interloqué.
« Laisse lui faire son chemin, Nico » elle continue « ne le saoule pas
je suis sure que ça avance quand même dans sa petite tête... et quil va vite prendre conscience que cest toi la personne qui lui faut en ce moment
».
« En attendant, dimanche il a quitté lappart avant mon réveil, sans un mot... et dimanche il sest blessé parce quil nétait pas en forme
».
« Je ne m'inquiéterais pas trop de tout ça... tu sais bien que Jérémie ne s'exprime pas sur ses sentiments, quil garde tout pour lui, quil préfère fuir qu'assumer... il sest passé beaucoup de choses cette fameuse nuit
il a besoin de ruminer ça tout seul
te retrouver au petit dej, ça aurait été too much pour lui
».
« Tu dois assurément avoir raison
».
« Jai toujours raison, mon cousin, toujours, tu devrais le savoir, depuis le temps que je te donne dexcellents conseils
».
« Je te signale au passage que il ny a pas longtemps tu me disais de loublier
».
« Et cétait aussi un excellent conseil
sauf quil est hors de ta portée
».
Joscille entre lamusement et lémotion.
En me replongeant dans mon bouquin, je capte des bouts de conversation en français partout autour de nous
soudainement, je repense à non échanges
nous navons même pas pris la peine de parler discrètement
pendant un instant jai essayé de me mettre à la place des « passagers » a côté qui auraient pu entendre notre conversation
je me dis que jadorerais capter ce genre de tête-à-tête un jour !
Sur Londres le ciel était gris... mais à Toulouse c'est un soleil rayonnant qui nous attend...
13 heures... après 6 heures entre métro, train et avion, me revoilà chez moi
Maman me pose une seule et unique question
« Cétait comment ?? ».
Et là, je ne sais pas, la fatigue, la tension se font sentir
. les larmes montent, sans que je les aies vues venir
maman me fait un grand sourire...
Le temps dun déjeuner, dun récit aussi décousu que passionné et dune petite sieste, il est déjà temps de descendre du petit nuage sur lequel je vis depuis le concert
Les petits tracas de ma vie d'adolescent amoureux reviennent à la charge
Comment retrouver mon Jérém, maintenant...
Je sors le maillot de Wilkinson de son sac et jessaie dimaginer sa tête lorsque je lui donnerai
jespère que ça va lui faire plaisir
Dans le prochain épisode
C'est cette vibration qui se propage dans les draps, jusquà moi... j'émerge du sommeil et je réalise qu'il est en train de se caresser dans le noir, juste à côté de moi... est-ce quil est vraiment réveillé ? Est-ce quil réalise que je suis juste à coté ?
Moment inattendu, troublant
jécoute sa respiration, je me laisse bercer par son excitation... jévite tout mouvement, le moindre bruit
jai peur que sil se rendait compte que je suis réveillé, il ait le réflexe de tout arrêter
Et je ne le veux pas
jai envie de sentir son plaisir monter
envie de sentir son plaisir exploser
Le sentir se branler, me fait vite bander aussi... lexcitation me gagne, et elle a très vite raison de mes propos de discrétion
De nouvelles envie se pressent en moi
que dommage qu'il fasse ça tout seul... envie de la toucher
envie de lui donner un coup de main... très envie
j'hésite... comment réagirait-t-il ?
Trop envie
comment m'y prendre ? Ma main se décale, presque de son propre chef, effleure son flanc... la vibration s'arrête net... mince
quel dommage
J'entends toujours sa respiration, ma respiration, mon cur qui tape fort dans ma poitrine
je suis à laffût du moindre mouvement et je devine le mouvement nerveux de sa queue tendue qui se redresse par moments contre les draps... mon autre main se pose sur ma propre queue
jai envie de me branler aussi, mais je nose pas
comment réagirait-t-il ?
Peut-être quon pourrait se branler côte à côte
Des longues secondes passent... silence, respirations profondes
mon cur qui tape de plus en plus fort
puis sa main se pose sur ma main, la serre, semble amorcer un mouvement... un mouvement que je suis, le cur qui bat à mille...
Le sentir frissonner dès que mes doigts effleurent son gland m'encourage à continuer... lentement, je saisis sa queue raide et chaude
un pur bonheur
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